Arnaud THEVAL, écrivain et photographe

En résidence d'artiste recherche-création à Lyon 3 | 2023 - 2026

Entretien avec Arnaud Théval

Interview menée par Nora Moubarak,
étudiante médiatrice au Point Culture

 

Quelles sont les origines de cette résidence ? S'inscrit-elle dans une continuité avec vos travaux précédents ?

C’est une rencontre avec le chargé de mission à la culture, Beno?t Auclerc, qui a suscité l’envie de croiser mes expériences artistiques avec la collectivité universitaire. Gr?ce à cette invitation sur un terrain inédit pour moi, j’ai immédiatement per?u les potentialités d’une démarche artistique en prise avec des enjeux de mémoires et de transmissions. Depuis une vingtaine d’années, je travaille sur et dans les institutions publiques comme l’école, l’h?pital et la prison, en impliquant leurs ? habitants ? de fa?on à créer une ?uvre qui interroge l’espace social et citoyen. C’est-à-dire en créant des images inédites, des perceptions que les uns ont des autres dans le cadre institutionnel. Ma démarche se nourrit des récits ? intimes ? et des expériences professionnelles pour faire émerger des impensés, pour réfléchir aux assignations et autres enfermements que produisent nos systèmes d’organisations sociales et spatiales.
 
En quoi la réalisation d'un portrait de l'université et du public étudiant se différencie-t-elle de vos autres travaux ? Que recherchez-vous à travers ce sujet d'étude ? Pourquoi avez-vous décidé de vous pencher sur le monde étudiant ?

L’université s’inscrit dans la continuité de mes travaux, c’est même logique que je m’y intéresse aujourd’hui. Mes travaux commencent à recouvrir beaucoup d’espaces où la vie en groupe est fondatrice dans nos formations sociales : une crèche, des lycées, des entreprises, un conseil des prud’hommes, des logements sociaux et un site d’archives départementales. En revanche, à chaque fois je m’intéresse aux récits de tous les habitants de ces institutions, de sorte à ne pas catégoriser les expériences dans des silos séparés. En prison, ce sont autant les personnels de surveillance que les personnes détenues. ? Lyon 3, les 澳门银河的网站多少, les personnels administratifs, les étudiants et les personnels des sociétés externes entrent dans le champ de ma démarche artistique.

Aujourd’hui, ce qui m’intéresse c’est de comprendre comment le récit d’une institution universitaire se construit, comment son histoire est transmise et est vécue par les ? habitants ?. Je ne sais pas s’il y a un monde étudiant en tant que tel mais si c’est le cas, je suis curieux de voir comment il est traversé par les enjeux politiques, citoyens, et esthétiques contemporains. Que puis-je apprendre de la Cité en enquêtant sur l’univers universitaire de Lyon 3 ? En quoi est-il l’héritier de son histoire, de son nom ? Ou s’en émancipe-t-il et au profit de quelles perspectives ?


Selon vous, comment la trajectoire artistique de la résidence se dessine-t-elle à ce jour ?

Ce projet artistique est une réflexion sur l'institution Universitaire Lyon III à partir d'une récolte de souvenirs basée sur une transmission orale et des archives inédites fournies par les ? habitants ?. En m'appuyant sur ses histoires, il s'agit de reconstituer un récit de la création de l'université à aujourd’hui. En parallèle, une vérification des faits (en associant des groupes de travail sous forme de workshop) est réalisée, afin de relier ces histoires et les documents d’archives et de rendre sensibles l'hétérogénéité des matériaux, la pluralité des récits comme les trous de mémoire, les points aveugles. Sur un plan plastique, les motifs du manque, du trou, du vide, mais aussi de la trace, du stigmate, dialogueront avec l’écriture. La matière récoltée est transformée en un récit plastique et littéraire (textuel, dessiné, photographique) où appara?t pleinement ma subjectivité d'artiste. La forme du projet sera celle d’un livre dont les pages seront exposées sous forme d’affiches comme un immense chemin de fer visible dans l’espace public de l’université, support à des  débats publics et à de nouvelles rencontres. Le jeu consiste pour moi, en me glissant dans les interstices, à révéler un portrait indéterminé de l'Université, prenant la forme d'une ?uvre d’art.
 

Pour finir, pourriez-vous nous définir en quelques mots votre méthode de travail ?

Immersion, écoute, coopération, appropriation, déplacement, transformation